Réduire les prélèvements d’eau des industriels d’au moins 4 % d’ici 2030 : un défi pour l’industrie | AESN
L’industrie, consommatrice majeure d’eau, est au cœur des enjeux de sobriété hydrique. Dans le bassin Seine-Normandie, un objectif ambitieux a été fixé : réduire les prélèvements d’eau industriels d’au moins 4 % d’ici 2030. Cet engagement s’inscrit dans le contexte de réindustrialisation de la France et des pressions croissantes sur les ressources en eau dues au changement climatique.
Les défis d’une industrie plus sobre en eau
La réduction des prélèvements industriels se heurte à plusieurs défis majeurs :
- Réindustrialisation nationale : Par exemple, la production d’hydrogène par électrolyse en Seine-Maritime pourrait augmenter considérablement les besoins en eau.
- Optimisation des procédés : Malgré les progrès réalisés avec des circuits fermés et des technologies avancées, des marges d’amélioration subsistent.
- Transition vers des solutions innovantes : L’adoption des meilleures techniques disponibles et l’utilisation de matériaux biosourcés nécessitent des investissements conséquents et une transformation des procédés.
Les leviers pour atteindre cet objectif
Pour relever ce défi, des solutions concrètes et ambitieuses doivent être déployées à deux échelles :
- À l’échelle des sites industriels
- Circuits fermés : Généraliser la réutilisation de l’eau en boucle fermée pour limiter les prélèvements.
- Diagnostics et plans de sobriété hydrique (PSH) : Réaliser des diagnostics précis pour identifier les économies potentielles et optimiser la consommation dans chaque atelier.
- Meilleures pratiques : Diffuser des bonnes pratiques au travers des fédérations professionnelles et des publications des services de l’État.
- À l’échelle territoriale grâce à l’écologie industrielle
- Synergies locales : Développer des partenariats entre industriels, collectivités et agriculteurs pour mutualiser l’utilisation de l’eau et réutiliser les déchets et effluents comme ressources pour d’autres activités.
- Innovation collective : Intégrer des systèmes partagés pour traiter et redistribuer les eaux résiduaires, comme au pôle agro-industriel de Bazancourt où les entreprises donnent à l’eau de nouveaux cycles de vie.
Un modèle inspirant : l’écologie industrielle et territoriale
L’écologie industrielle offre un modèle de gestion responsable des ressources. À Bazancourt (51), le pôle agro-industriel Les Sohettes en est un exemple pionnier. Les entreprises du site limitent leurs prélèvements et rejets en organisant les usages des eaux résiduaires, créant ainsi des cycles d’eau optimisés pour d’autres services.
Soutenir l’innovation avec le programme « Eau, climat & biodiversité 2025-2030 »
Le programme de l’agence de l’eau Seine-Normandie accompagne les industriels dans leur transition vers une gestion plus sobre de l’eau. Il propose :
- Financements jusqu’à 80 % pour les projets visant à réduire les consommations d’eau et les empreintes hydriques.
- Encouragement à la réutilisation des eaux pluviales et au développement de solutions innovantes en écologie industrielle.
Conclusion : Un engagement collectif pour préserver la ressource
Pour garantir la durabilité de l’eau, l’industrie doit relever le défi de la sobriété hydrique avec responsabilité et solidarité. En combinant innovations technologiques, partenariats locaux et transformation des pratiques, les industriels peuvent non seulement réduire leurs prélèvements, mais également jouer un rôle clé dans la préservation de cette ressource essentielle.